Le Coq

 

C’est le cuisinier de l’équipage, c’est donc un homme en or.

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Je confirme !

A bord d’une frégate comme moi, La Prudente, le Coq est un personnage très important : il nourrit environ 300 personnes !

En premier lieux, il lui faut disposer d’une chaudière, et surtout qu’elle ne soit pas en panne :

Mars 1794. (…) le 10. à deux heures du matin les vents commencerent à Souffler et nous Eûmes bientôt franchi l’équateur.

Le Mauvais état de notre chaudiere Se fit alors Sentir plus vivement que jamais ; on ne pouvait La racommoder faute de Cuivre desorte que rarement les vivres etaient cuits. La Cibele avait perdu Sa marche, mais le beau tems nous consolait un peu de toutes ces Disgrâces.

Hé oui, parfois le Coq a besoin de cuivre.

Quand il se lève, le Coq se lave et les autres salivent :DSC_0450-tranche

« Le Coq doit être propre, & tenir bien nets les vivres qu’il fait cuire ; mais il ne doit point confumer d’eau ni de bois inutilement. Il doit laver tous les jours fa cheminée. Il ne fert à manger que quand il en a l’ordre du Capitaine ; & il fonne la clochette pour avertir l’équipage de s’affeoir » (dictionnaire de Marine)

 

En dehors de la chaudière du Coq, il n’y a pas de cheminée à mon bord, et il ne faut pas espérer faire un feu de bois le soir !DSC_0657

On peut donc espérer manger… quoi ?

« Il y a beaucoup de vaiffeaux marchands, où l’on fait, dans une femaine, vingt & un repas d’orge mondé »

Et c’est varié, dans la semaine ?

« Le vendredi & le famedi on fert comme le lundi, & le dimanche comme le jeudi ; mais pendant toute la femaine, le déjûner eft toûjours d’orge mondé »

Cinq fruits et légumes par jour, on n’y est pas !

Et la viande ?

« on y joint du lard et du bœuf, à certains jours réglez »

cependant :

« Il y a des navires de guerre, ou l’on ne sert jamais de viande, fi ce n’eft lorsqu’on peut envoier à terre, & en faire acheter de fraiche en quelque endroit. On eftime que le lard vaut mieux que le bœuf pour les gens de mer, parce qu’il fe conserve mieux, & qu’il n’eft pas de fi dure digeftion que de la viande de bœuf quand elle est vieille »

Et le fromage ? et le beurre ? (et la crémière ?)

« Le fromage, le beurre, & le bifcuit fe diftribuent par mefure, toutes les femaines, à chacun des gens de l’équipage en particulier : mais pour le beurre on ne leur en donne pas ordinairement ; ce n’eft que dans les voiages de long cours qu’on leur en donne une demie livre par femaine, avec une livre de fromage, & cinq livres de bifcuit par tête »

Et on boit quoi ?

«  Pour la bière, ils en ont autant qu’ils en veulent »

Haaaa, cooool….

Et l’eau douce ?

L’eau à bord est nécessaire, et dangereuse par paquets, mais trêve de plaisanterie : il vaut mieux ne pas en manquer. On en embarque en quantité, et on refait le plein à chaque escale, depuis que les navires existent.

le 7. vers le Soir la Cibele demanda à parler au Commandant et envoya Son Canot à Bord. nous étions encore au Calme à Soixante lieües environ de La ligne et à Cinquante tout au plus de Sumatra. on ne Sût pas positivement quelle avait été la Réponse du Cit. Rénaud, mais il fit prendre la route de l’isle de france ; La Cibele se disait dans le plus grand Besoin d’eau avec quantité de Malades

Et les restes, ça va où ?

D’abord, il n’y a pas de reste, car on a faim ; ensuite, y’a la mer et les poissons à coté…

Et sinon : « Le Cuifinier doit emploïer la graiffe qui vient de la viande, à cuire des potages de gruau & d’orge ; & celle qui eft trop sale, & qui ne fe peut manger, fert à l’entretien du vaiffeau »

Rien ne se perd !