La chasse

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La frégate La Concorde, au combat contre la Minerve. Musée de la Marine, Paris.

La chasse est notre jeu favori, et les anglais font de même. Dès qu’une voile est aperçue, c’est un ennemi potentiel. Il faut l’observer, l’identifier, s’approcher: je laisse le soin de tout cela au commandant ou à l’officier de quart, et j’attends sa décision. Souvent, dans le doute, un navire est chassé tant qu’il n’est pas reconnu et nous nous mettons en course. Cet excès de prudence – je ne parle pas de moi – nous conduit à chasser des vaisseaux amis.

Je me souviens par exemple de la mission fin 1793 lorsque je partis en expédition pour les détroits et les iles de la sonde, entre Java et Sumatra. Moi, La Prudente, sous les ordres de Renaud, j’étais accompagnée de la Cibèle commandée par Tréhouard, et du Dugai-Trouin:

Les corsaires Le Dumourier et l’égalité avaient amené comme je l’ai dit un très beau vaisseau anglais. On l’avait armé de canons de dix huit et il devait repartir en course avec une petite corvette à deux mats nommée Le Lévrier. Les armateurs s’associèrent avec nous pour cette expédition. Les conditions furent que le quart total des prises appartiendraient aux propriétaires et que le reste serait partagé entre les divers équipages de l’expédition. D’après cet arrangement ils arborèrent la flamme nationale comme vaisseaux de l’état et l’anglais fut nommé le Dugai-Trouin.”

Il y avait également trois corsaires qui nous accompagnaient:  La Mouche, La Pellagie, et le Lévrier.

Au matin du samedy 28 décembre 1793, le lieutenant Le-Hir note sur le DSC_0310-detail page1journal de bord de la Cibele: “point de vue du dugaitroin ni de la mouche”, car dans la nuit ils se sont éloignés et ne sont plus sur l’horizon.

Le lendemain matin, tous les bateaux sont en vue, avec un bel ordre observé par Le-Hir, qui note que la Cibele est “sur l’avan des 3 corsaires et sur l’arriere de la prudent.” (c’est moi !  😛 )

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Puis le 31 décembre, le Dugai-Trouin et La Mouche ayant à nouveau disparu (il faut dire qu’ils se traînent, et le commandant Renaud a déjà plusieurs fois fait ralentir l’allure les jours précédents pour les attendre), nous apercevons une voile à l’horizon. Allez, c’est le nouvel an ce soir, un peu d’action ne fera pas de mal aux équipages, et c’est la dernière occasion de l’année de prendre un anglais ! C’est Montalembert qui nous le raconte: “a 8h le Commandant a fait signal de chasse sur la voille appercue, le batiment restant dans l’Est. De suite fait le branle bas de combat. a 11h, reconnu le dit navire pour etre le Dugaitroin. a la meme heure le Commandant a fait signal de raliment général”.

Et comme si cela ne suffisait pas, le lendemain 1er janvier le 1794 nous avons remis ça: DSC_0331-detail-page12“Le commandant a fait signal de chasse. après avoir reconnu le navire chassé pour le Duguaytrouin nous avons repris notre poste”

Mais là, je soupçonne le commandant Renaud d’avoir à la fois voulu mettre un peu d’animation aux équipages en ce premier jour de l’an, tout en donnant encore une bonne leçon au Dugay-Trouin !   😉

 

mais son ennemi est toujours le Daedalus

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