Le 41ème Régiment d’Infanterie

Le Régiment de la Reine

Drapeau d’ordonnance et Drapeau colonel

Image illustrative de l'article Régiment de La Reine (1661)   

Bref historique du 41ème Régiment d’Infanterie de ligne, ci-devant de la Reine, dans la période où s’y trouve Simon.

D’où il en est déduit que Simon est au 1er bataillon.

Le Régiment de la Reine est un régiment d’infanterie du Royaume de France créé en 1634 et plusieurs fois renommé.

Le 12 mars 1661, il est incorporé dans le régiment de Lorraine et renommé régiment de la Reine.

Il est renommé 41ème régiment d’infanterie de ligne au 1er janvier 1791, et comprend deux bataillon.

Le 1er bataillon rejoint Vannes en Novembre 1791, tandis que le 2ème va sur Lorient.

Le 2ème bataillon s’embarque le 6 janvier 1792 pour les colonies à bord du Dugay-Trouin et va à St Domingue. Il combattra là-bas, et les restes seront fondus dans les régiments coloniaux. Il ne pourra donc pas participer à la réorganisation décrétée en 1793, où il aurait dû constituer une partie de la 82ème demi-brigade.

Le 1er bataillon quitte Vannes, et s’établit à Port-Louis, en face de Lorient, en février 1792. Il fera campagne avec les armées de l’Ouest, ayant auparavant fourni 34 hommes à la Prudente pour son départ de Lorient vers l’isle de France en février 1793. Simon en fait partie.

Le 1er bataillon ne fera pas non plus partie de la réorganisation de 1793, où il aurait dû former le noyau de la 81ème demi-brigade. Il fera partie de la suivante, le deuxième amalgame en 1796 pour entrer dans la composition de la 86ème demi-brigade.

Pour comprendre pourquoi le 41ème se fait appeler Ci-devant de la Reine, il faut se référer à la réorganisation de 1793.

Réorganisation des corps d’infanterie français (1793), encore appelé le Premier amalgame.

Le premier amalgame également connu sous les noms de première réorganisation ou première formation est un amalgame des deux armées françaises composées des régiments d’Ancien Régime et bataillons de volontaires nationaux durant le début de la Révolution française.

La Convention nationale prescrivit, par décrets des 26 février et 12 août 1793, que l’infanterie de ligne cesserait d’être désignée sous la dénomination de régiment, et que ces corps prendraient à l’avenir le nom de demi-brigades.

Par le décret du 21 février 1793 sur proposition de Edmond Louis Alexis Dubois-Crancé, du 23 janvier 1793, la Convention décrète l’amalgame de l’armée royale et des bataillons de volontaires nationaux.

Ce décret sur l’amalgame a pour but de réunir ces deux armées en associant deux bataillons de volontaires et un bataillon de ligne de l’ancienne armée royale dite ci-devant pour constituer une unité nouvelle, la demi-brigade.

La fusion de troupes anciennes et de jeunes volontaires doit de plus permettre de contrôler l’esprit des soldats, de prévenir la défection des militaires de profession en minorité au sein des soldats républicains, d’amener une amélioration dans la formation des jeunes recrues au contact de l’expérience des anciens militaires.

Le passage du Cap (de Bonne Esperance)

Comme toute frégate française qui se respecte lorsqu’elle va aux Mascareignes, j’ai passé le Cap de Bonne Esperance, en 1793.

DSC00750-manchot du cap
Manchots du Cap. Crédit photo: Pascal R.

La vue est magnifique, tant pour les uns que pour les autres: ici ce ne sont pas les vaches qui regardent les calèches, mais les manchots qui regardent les frégates; sachant qu’une frégate peut aussi regarder un manchot, on n’est pas aveugle !

Pour les vrais frégates en vol, mes concurrentes à plumes, il faudra attendre que j’arrive dans l’océan indien :-)fregatefregate2

Mais le Cap de Bonne Esperance est dangereux : c’est par là que navigue le Daedalus !

DSC00747-manchots2-epave

Et mon ennemi juré est toujours le Daedalus

La France révolutionnaire

DSC_0147
Infanterie de marine sous Louis XVI

Il faut dire qu’en ce début d’année 1793, la France révolutionnaire se mobilisait, à grande force de levées en masse, pour faire face à la Première coalition, tandis que l’Ouest du pays s’embrasait. Et tandis que la guerre de Vendée battait son
plein, nous avions ouï dire que tous les navires disponibles devaient reprendre du service contre l’Angleterre, ennemie jurée de la France révolutionnaire après l’exécution du roi Louis XVI.

DSC_0139
1: chasseur à pied. 2: Infanterie de ligne. 3: Volontaire belge. (Le costume et les armes des soldats de tous les temps, Casterman)

Moi, La Prudente, actuellement dans le port de L’Orient en ce mois de février 1793, je me retrouve mobilisée aussi, pour aller renforcer l’escadre présente à l’Ile de France (aujourd’hui Maurice) sous les ordres de Saint-Felix.

Mon objectif: défendre les possessions françaises des Mascareignes.

J’embarque à mon bord des troupes de lignes, et des canonniers de marine.

DSC_0129
4: fusilier (1791) – 5: Infanterie (1793)
DSC_0131
12: carabinier (1792) – 13: artilleur (1792)

Des soldats du 41ème Régiment de ligne embarquent alors à mon bord: parmi eux, le jeune Simon.

DSC_0143
Infanterie de ligne sous Louis XVI
41RI_Reine1791
Le 41ème RI de ligne en 1791

Le 41ème Régiment d’Infanterie de ligne est l’ancien Régiment de la Reine, dont la création remonte à 1661. Il a été renommé le 1er janvier 1791.

La Meuse

Bienvenu chez moi : je suis la Meuse (55) et je suis le plus beau des départements français, quoique l’on puisse aussi citer le Morbihan (56) une place derrière.

Attention: la Haute-Marne vous dira le contraire, ne la croyez-pas !

Et chez moi, on trouve plein d’animaux !

DSC_0687
Renard dans la Meuse, dessin de l’auteur

“Oui, ben moi, je me casse” dis le renard. Avant d’ajouter: “j’habite à Troisfontaines, et je me ballade sur les trois départements limitrophes… et y’a un bragard qui arrête pas de me croquer sur son carnet d’aquarelle !”

La Marne

Bienvenu chez moi : je suis La Marne (51) et je suis le plus beau des départements français, quoique l’on puisse aussi citer la Haute-Marne (52) une place derrière.

Attention: d’autres vous diront le contraire, ne les croyez-pas !

J’ai même été à l’honneur sur la Tour Eiffel ! Houaaaaa….

J-51

Y’en a pas beaucoup qui peuvent s’en vanter !

DSC_0678
Renard dans la Marne, dessin de l’auteur

Chez moi on trouve plein d’animaux, comme des cerfs, des renards et des blaireaux (des vrais).

DSC_0676
Cerf à Troisfontaines, dessin de l’auteur

La Haute-Marne

Bienvenu chez moi : je suis La Haute-Marne (52) et je suis le plus beau des départements français, quoique l’on puisse aussi citer la Mayenne (53) une place derrière.

Attention: la Meuse et la Marne vous diront le contraire, ne les croyez-pas !

J’ai même été à l’honneur sur la Tour Eiffel en 1999 ! houaaaa…tour-eiffel J-52

Je vous parlerai de moi en détail plus tard. Chez moi on trouve des cerfs, des sangliers, des chevreuils, des chouettes hulottes, des chouettes effraies, des truites fario, des brochets, et des homo sapiens.

DSC_0682
Renard en Haute-Marne, dessin de l’auteur

Il y a aussi des renards et des blaireaux (des vrais).

DSC_0672
Haute-Marne riche de nature, Editions Equinoxe, tirage limité

Et surtout : d’une part c’est le fief de la famille du descendant; d’autre part c’est là, à Chaumont (préfecture) qu’est né Decres, lieutenant sur la Cibèle – et futur ministre sous Napoléon !

DSC_9146_Mairie_Chaumont
L’hotel de ville de Chaumont a été construit sous Louis XVI

 

 

Le cinquième quart sur la Cibele

“Je pris le service du cinquième quart. Je succédais ainsi à Duplessis, Le Hir, Montalembert et Le Bouche. Nous étions enseignes de vaisseau – Duplessis était sous-lieutenant et Le Hir lieutenant – et avions pris l’habitude de tourner toujours dans le même ordre, ce qui nous donnait l’opportunité, à cinq pour six quarts, de pouvoir les effectuer par décalage successif, à toute heure de la journée ou de la nuit.

J’aimais bien Guillaume Le Hir : il était de Brest, comme beaucoup d’entre nous, et avait embarqué à l’époque comme officier de manœuvre. Puis il avait été porté à l’état-major en septembre 92 et promu à son grade actuel à cette occasion. Cette promotion était entièrement méritée car Guillaume était dévoué corps et âme à la marine et pour lors à la Cibèle, et très attaché aux valeurs de la révolution. Bien sûr, nous l’étions tous, mais Guillaume et moi, plus que les autres. Cet attachement devait d’ailleurs finir par lui coûter la vie.

Je dois dire que je ne supportais pas trop Duplessis, qui avait la fâcheuse tendance d’en faire toujours trop lorsqu’il signait le journal de quart. Il fallait toujours qu’il en rajoute, à commencer par les deux point sur le i de Duplessis. Il ne pouvait s’empêcher d’en remontrer aux autres, et nous le surnommions « Duplessis point sur les i ». Pour ma part, je m’appliquais à bien écrire comme me l’avaient enseigné mes professeurs aux écoles. Je me disais toujours que ce que nous écrivions pouvait être lu plus tard par des gens ignorants de la mer, et de nos aventures, et tant qu’à faire autant que ma signature et mon nom soit lisible. Ce qui faisait rire Le Hir, car avec un nom pareil, sa signature se lisait quoi qu’il advienne, même écrite sous un coup de roulis.

En cette aube du 3 février, à la lueur des lanternes, je prenais connaissance de ce qu’ils avaient inscrit sur le journal de bord . Puis je montais sur le gaillard.

DSC_1037
Ce n’est hélas pas La Prudente sur la photo. Comme nous vous l’avons dit: aujourd’hui, La Prudente n’est plus.

Le vent était faible, nous avions gardé les huniers pour la nuit, et nous nous trainions à moins d’un nœud. Avec le jour naissant, le relevé de loch me donna enfin un nœud. J’observais l’horizon et découvrais La Prudente, ayant toujours aussi fière allure, devant nous, et ne marchant pas plus vite. Le grand mat était bien visible car ils avaient cargués les deux voiles du haut. Je portais tout cela au journal.

Pour nous : « Sous les trois huniers jusqu’à 5h ½ qu’on a fait servir ».

Je mentionnais la voilure de notre commandant d’escadre, La Prudente :

« A peu près sous la même voile en ayant son grand hunier et son grand perroquet cargué ».

Je me demandais si Renaud était déjà sur le gaillard d’arrière à chercher les anglais,  et si Simon était occupé à écrire son journal. Peut-être dormait-il encore, bercé par l’océan dans la torpeur du matin. J’attendis le jour complet pour vérifier que tous les vaisseaux de l’escadre étaient bien en vue, avant de porter cela pour la position de l’armée : « en vue dès le jour », et je terminais mon quart en ajoutant :

«  le temps chargé en différents points de l’horizon. La mer belle. Le vent petit frai ».

Et je signais : Collet.

La cloche sonna précisément le quart quand je reposais la plume. Je n’eus pas à attendre : Duplessis arrivait pour la relève. Sur ce point, il était précis et régulier.

  • – Bonjour mon lieutenant !
  • – Bonjour, citoien Collet !”

(“Sur une vaste mer, à bord de la Prudente” – tirage épuisé)

 

Quand la guerre est finie

Que deviennent les canons, les ancres et les frégates ?

La nuit
La lune sur son coussin de nuage – Copyrights CAPM

A quoi rêvent-elles la nuit, lorsque “la lune est sur son coussin de nuage avec l’étoile du Nord au dessus” ?

Les frégates coulent… des jours meilleurs, et rêvent de renaître en vaisseau doré,DSC_0752

Les ancres se reposent et sont en libre-service,

IMG_1543

Les canons font la sieste dans les rues ou décorent les porches et les grilles,

IMG_1540IMG_1541IMG_1525

et les boulets finissent dans les musées  😉

IMG_1504

 

Renaud

C’est le commandant de la Prudente.

Avant lui, c’était Villaret de Joyeuse, mais il est parti sur un vaisseau appelé Le Trajan. Renaud commande donc La Prudente lors de son départ de Lorient pour les mers de l’Inde en février 1793.

Renaud est lieutenant de vaisseau et c’est un bon marin, La Prudente est donc contente car elle est bien menée.

 

mais son ennemi juré est toujours le Daedalus

Qu’est ce qu’une frégate de 12 ?

La frégate de 12 est un type de navire de guerre portant des canons de 12 livres, qui fut construit de la fin du XVIIIe siècle au début du XIXème.

DSC_0775
La frégate La poursuivante forçant le Pertuis d’Antioche en 1805 – Huile sur toile de Frédéric Roux, musée de la Marine à Rochefort

Les frégates de cette époque portent des canons dans leur unique pont-batterie, auxquels se rajoutent les pièces d’artillerie présentes sur le pont principal. Elles sont classées non seulement à partir du nombre de canons qu’elles portent (comme pour les vaisseaux), mais surtout à partir du calibre de leurs canons, exprimé par la masse en livre des boulets tirés. La livre française fait 489 grammes et un boulet de 12 livres pèse un peu moins de 6 kg (5,87 kg).

DSC_0777-detail
La Poursuivante, détail

Les navires de guerre construits au XVIIème siècle et au début du XVIIIème pour porter des canons de 12 livres sont systématiquement classés à cette époque comme des vaisseaux de quatrième rang. Les frégates d’alors ne portent rien de plus gros que des canons de 9, 8, 6 ou 4 livres.

La première frégate de 12 est lancée par les français en 1748, et devient un standard de fabrication : la frégate portant 32 canons, dont 26 canons de 12 livres dans la batterie et 6 canons de 6 livres sur le pont.

DSC_0789
Maquette de La Dédaigneuse, frégate de 12 lancée en 1766 à Bordeaux

Ce modèle est aussitôt produit en grand nombre en France comme au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Espagne et dans d’autres nations moins puissantes.

Ces frégates de 12 seront surclassées par les frégates de 18 dès 1782, puis surtout par les puissantes frégates de 24 lancées à partir de 1794.

DSC_0918
Canons de 12 livres sur l’Hermione à Rochefort

La première frégate de 12 est l’Hermione, lancée en 1748 à Rochefort et portant 26 canons (elle sera capturée en 1759 par les anglais qui la renommeront HMS Unicorn Prize, et la copieront aussitôt. Une nouvelle Hermione sera lancée en 1779, qui s’illustrera en transportant La Fayette aux ameriques, et dont une réplique fidèle sera construite toujours à Rochefort entre 1997 et 2014: soit 17 ans, contre 6 à 9 mois à l’époque).

DSC_0175
Canons de pont de 8 livres

Les frégates suivantes porteront ensuite les 6 canons de 6 livres en plus sur le pont supérieur, et La Prudente portera encore en plus 6 canons de 8 livres.

L’équipage en temps de guerre est de 270 hommes (contre 188 en temps de paix) : soit 6 officiers, 4 élèves ou volontaires, 30 officiers-mariniers, 20 canonniers (des troupes de marine), 4 timoniers, 131 matelots, 35 soldats (troupe de marine ou infanterie de ligne), 22 mousses, 9 surnuméraires et 6 valets.

Sous la République et l’Empire, l’équipage passe à 282 hommes (209 en temps de paix), dont sept officiers (un capitaine de frégate, deux lieutenants et quatre enseignes).

Les deux lieutenants et quatre enseignes sont affectés aux quarts de navigation, ce qui permet une rotation constante sur un créneau journalier fixe (4 heures de quart chacun), sauf exception.

On notera que le chiffre de 35 soldats correspond presque exactement à la description faite par Simon des Iles pour la Prudente, puisqu’il donne le chiffre de 34 soldats.

Plus d’une centaine de frégates de 12 sont lancées par les Français jusqu’en 1799.

Le site britannique suivant donne la liste de toutes les frégates françaises construites sur cette période:

List of French sail frigates