A table !

Pour manger à mon bord – à bord de La Prudente – cela risque d’être difficile: il reste peu de choses de moi, car j’ai vécu et je ne suis plus.

Mais si manger Réunionnais ou Mauricien vous tente, et sans aller là-bas, je vous suggère d’aller A l’Ecole ou d’y retourner.  :-)

Cela vous permettra de profiter d’un bol d’air en Champagne, dans la Meuse: pas très loin des immenses domaines forestiers des Ardennes, du massif de Troisfontaines dans la Marne ou des forêts du Val et du Der  en Haute-Marne, où le chêne est roi.

Et je fus faite dedans ce bois.

Si je n’ai pas navigué sur le lac du Der, c’est juste qu’il n’existait pas quand je suis née: je suis de 1789, et le lac est de 1974  😛

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Herbiers à truites dans la Saulx

Le restaurant A l’Ecole est à Bazincourt, sur la Saulx, charmante rivière à truite (bon, la rivière existait avant ma naissance, mais si vous y allez vous verrez qu’elle est trop petite pour moi).

Il est tenu par un ami intime d’un descendant de Simon des Iles, et vous pouvez y aller en toute confiance. 😀

Nunc est bibendum ! (Et maintenant c’est le moment de boire !)

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La Saulx à Bazincourt

 

mais son ennemi est toujours le Daedalus

Le Pigott

Le Pigott est un anglais.EIC

Et ce n’est pas une frégate, mais un vaisseau: un East Indiaman, de la East India Company: la Compagnie Anglaise des Indes Orientales.

Quand nous l’avons aperçu, ça n’a pas traîné: nous y sommes allés aussitôt, La Cibele et moi, et hop ! A peine le temps de canonner que l’anglais se rendait. Pourtant, il était bien armé : mais deux corsaires français sympathiques l’avaient endommagé quelques jours plus tôt, et il était démâté de son grand mat, et ne portait ni sa petite hune, ni son perroquet de fougue. Nous l’avons capturé au mouillage devant l’île du Rat. Au jeu du chat et de la souris, nous l’avons bien eu.  😈

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Prise du Pigott, au mouillage, par La Prudente et La Cibele – 7 février 1794 (archives privées – tous droits reservés)

 

Et quand le Dugay-Trouin – toujours en retard, celui-là – est arrivé, l’affaire était déjà pliée depuis plus d’une heure  😆

Le 7. nous appareillâmes à quatre heure du matin. Nous découvrîmes bientôt la rade et la ville de Bancoul avec toutes ses fortifications nous portions déjà pavillon anglais. au même instant nous vîmes à la Pointe de l’isle Rath, petite terre d’une demie lieüe environ de circonférence et à deux lieues des forts de Bancoul un tres gros Bâtiment à l’ancre, dématé de son grand mât et totalement dégrée ; il avait néanmoins une tres belle Batterie et ses canons aux sabords. (Simon des Iles)

 

mais le Pigott a un copain très dangereux : le Daedalus

Là où je fais la guerre

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Vue satellite de Diego Garcia
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Océan indien, Diego Garcia: le lagon

C’est beau, non ?

Je fais la guerre dans des îles paradisiaques. J’étais payée pour aller là-bas !

J’étais basée à l’Ile de France, que les anglais appellent Maurice depuis qu’ils nous l’ont prise. J’avais l’habitude de mouiller aux pavillons devant Port-Louis, ou près de l’île aux Tonneliers.

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Le Coin de Mire
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L’île Ronde

“Le 3 juin au point du jour nous aperçûmes devant nous l’isle Ronde, l’isle Plate, l’isle aux Serpents, le pain de Sucre et le coin de Mire, islots qui bordent le coté du vent de l’isle de France.” (3 juin 1793)

mais son ennemi est toujours le Daedalus

Ha, j’oubliais : je suis aussi passé là-bas, aux Antilles:

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La point des chateaux – Guadeloupe

Mais ça, c’était avant, avec Villaret de Joyeuse, lors de ma mission à Saint-Domingue.

Vue sud-est un peu avant la pointe des châteaux, quand le temps forcit : pas vraiment un endroit pour mouiller !

 

Et là-bas c’était plus calme, le Daedalus y était pas !

La Cibele

Bonjour !

Moi je suis la Cibele. Je ressemble à la Prudente en tous points sauf que j’ai des canons de 18.

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La Cibele en action de canonnade (archives privées – droits réservés)

Ils font beaucoup plus mal.

Et quand on me demande de canonner, je ne me prive pas. Soit en journée pour les boulets, soit le soir pour le rhum de l’équipage.

“puis ayant substitué le pavillon Républicain la Cibele commença à le canonner comme ayant le plus fort calibre. il amena au huitième coup de canon sans avoir tiré, mais comme il avait ammaré une flamme qu’il lui était impossible d’amener, la Cibele canonnait toujours, enfin un matelot monta jusqu’au Baton ou elle flottait et la jetta à la mer, aussitôt le feu cessa.” Simon des Iles.

La chasse

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La frégate La Concorde, au combat contre la Minerve. Musée de la Marine, Paris.

La chasse est notre jeu favori, et les anglais font de même. Dès qu’une voile est aperçue, c’est un ennemi potentiel. Il faut l’observer, l’identifier, s’approcher: je laisse le soin de tout cela au commandant ou à l’officier de quart, et j’attends sa décision. Souvent, dans le doute, un navire est chassé tant qu’il n’est pas reconnu et nous nous mettons en course. Cet excès de prudence – je ne parle pas de moi – nous conduit à chasser des vaisseaux amis.

Je me souviens par exemple de la mission fin 1793 lorsque je partis en expédition pour les détroits et les iles de la sonde, entre Java et Sumatra. Moi, La Prudente, sous les ordres de Renaud, j’étais accompagnée de la Cibèle commandée par Tréhouard, et du Dugai-Trouin:

Les corsaires Le Dumourier et l’égalité avaient amené comme je l’ai dit un très beau vaisseau anglais. On l’avait armé de canons de dix huit et il devait repartir en course avec une petite corvette à deux mats nommée Le Lévrier. Les armateurs s’associèrent avec nous pour cette expédition. Les conditions furent que le quart total des prises appartiendraient aux propriétaires et que le reste serait partagé entre les divers équipages de l’expédition. D’après cet arrangement ils arborèrent la flamme nationale comme vaisseaux de l’état et l’anglais fut nommé le Dugai-Trouin.”

Il y avait également trois corsaires qui nous accompagnaient:  La Mouche, La Pellagie, et le Lévrier.

Au matin du samedy 28 décembre 1793, le lieutenant Le-Hir note sur le DSC_0310-detail page1journal de bord de la Cibele: “point de vue du dugaitroin ni de la mouche”, car dans la nuit ils se sont éloignés et ne sont plus sur l’horizon.

Le lendemain matin, tous les bateaux sont en vue, avec un bel ordre observé par Le-Hir, qui note que la Cibele est “sur l’avan des 3 corsaires et sur l’arriere de la prudent.” (c’est moi !  😛 )

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Puis le 31 décembre, le Dugai-Trouin et La Mouche ayant à nouveau disparu (il faut dire qu’ils se traînent, et le commandant Renaud a déjà plusieurs fois fait ralentir l’allure les jours précédents pour les attendre), nous apercevons une voile à l’horizon. Allez, c’est le nouvel an ce soir, un peu d’action ne fera pas de mal aux équipages, et c’est la dernière occasion de l’année de prendre un anglais ! C’est Montalembert qui nous le raconte: “a 8h le Commandant a fait signal de chasse sur la voille appercue, le batiment restant dans l’Est. De suite fait le branle bas de combat. a 11h, reconnu le dit navire pour etre le Dugaitroin. a la meme heure le Commandant a fait signal de raliment général”.

Et comme si cela ne suffisait pas, le lendemain 1er janvier le 1794 nous avons remis ça: DSC_0331-detail-page12“Le commandant a fait signal de chasse. après avoir reconnu le navire chassé pour le Duguaytrouin nous avons repris notre poste”

Mais là, je soupçonne le commandant Renaud d’avoir à la fois voulu mettre un peu d’animation aux équipages en ce premier jour de l’an, tout en donnant encore une bonne leçon au Dugay-Trouin !   😉

 

mais son ennemi est toujours le Daedalus

Bienvenue à bord !

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Me Voilà !

Il existe très peu de représentations de moi : heureusement, Simon des Iles m’a dessiné plus d’une fois dans son journal :-)

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C’est moi, là. Avec l’équipage dans les vergues et sur le pont. (archives privées – tous droits réservés)

« J’ai combattu avec l’amiral Magon, mort au combat à Trafalgar ; le marquis de Sercey, qui s’est retiré à l’ile de France ; et le jeune Willaumez qui était avec moi au combat de l’île Ronde… mais s’il fut un personnage exceptionnel, c’est sans conteste le commandant Renaud. Cet homme avait de la mer et des hommes une connaissance extraordinaire » Simon des Iles

mais son ennemi est toujours le Daedalus